François Friedel

né le 19 août 1914

 

François Friedel est né le 19 août 1914 à Paris. Il était herboriste.

Il était le fils d’Isaac Friedel, né le 21 janvier 1884 à Galatz (Roumanie) et de Fanny Pintel, née le 15 avril 1881 à Druskini (Lituanie), déportée à Auschwitz le 29 avril 1944 par le convoi n° 72, qui étaient domiciliés à Charmeil (Allier) en 1944.

Isaac Friedel a été arrêté par la Gestapo le 1er avril 1944 à Charmeil, avec toute sa famille. En tant que Juif et chef de réseau du maquis, il est resté à Vichy, puis a été transféré à la prison de Moulins ; il a été ensuite torturé et massacré, et nous avons perdu sa trace à partir du 2 juin 1944.

François Friedel, demeurant à Vichy, à 7km de Charmeil, n’a pas été arrêté avec le reste de la famille, le 1er avril, à Charmeil. Quand il a appris la triste nouvelle, il est allé à Saint-Claude, dans le Jura, pour rejoindre sa cousine Rachel qui était déjà dans le maquis de cette région.

La malchance l’attendait à son arrivée dans cette petite ville : les Allemands l’ont encerclée et ont demandé à tous les hommes de se présenter sur la place, pour un contrôle d’identité et un éventuel départ pour le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire).

Sa cousine Rachel ne voulait pas qu’il se présente, mais il insista en disant que ce n’était qu’un contrôle, et qu’il craignait d’attirer des ennuis à Rachel et aux amis qui l’hébergeaient depuis la veille.

Malheureusement, une fois qu’il fut sur la place encadrée par des soldats, il comprit son erreur, trop tard. Rachel essaya de lui faire parvenir des vêtements et de la nourriture, mais en vain.

Il fut déclaré bon pour le S.T.O. Ce n’était, croyait-il, qu’un demi-mal, car il n’avait pas la carte d’identité avec le tampon « Juif » sur lui, et il avait de faux papiers. Il fut dirigé sur un camp de rassemblement.

Entre-temps, toute la famille avait été déportée, sur dénonciation d’un voisin, M. André Boulet, qui faisait partie de la Gestapo. On a retrouvé ensuite son arme, son permis de port d’arme et ses papiers de collaborateur. Nous n’avons pu obtenir pour lui qu’une « dégradation nationale » et il est peut-être mort dans son lit…

Ce monsieur les avait dénoncés par jalousie et par envie. Il espérait ainsi récupérer les biens de M. Friedel père : une propriété de cinquante hectares de terrain et un important cheptel de chevaux, vaches, etc., des volailles, tout ce que peut compter une exploitation agricole, ainsi qu’un commerce de bestiaux créé et géré par M. Friedel. Sans compter les bâtiments, l’argent, les bijoux, le mobilier…

Pour être certain de parvenir à ses fins, il ne fallait pas qu’il y ait d’héritier, et il les a tous fait rechercher. Parmi les enfants Friedel, Nathan, jockey, était décédé à quinze ans d’une chute de cheval, et Georges était décédé à l’armée d’un souffle au cœur. Il restait Salomon, François et Rosa.

Salomon et Rosa s’étaient évanouis dans la nature et il n’a pu retrouver leur trace. En revanche, il a retrouvé la trace de François, qui devait partir au S.T.O. Il lui a été facile de le dénoncer comme Juif et de le faire déporter.

Voilà l’histoire de mon oncle François, telle que je l’ai apprise par les conversations des « grands », car je n’avais que huit ans à l’époque. Mon père, qui était la mémoire de la famille, n’est plus là, et je n’ose remuer ces souvenirs avec Maman, qui a eu 93 ans le 10 janvier de cette année 2002, car ils lui font très, très mal…

Jacqueline Girerd-Martin
sa nièce

 

Carte d'identité

 

 

Acte de disparition