Charles Nahmias

né le 5 juin 1925 à Paris

 

22 octobre 2001

« Chère Madame

« Vous m’avez adressé un courrier le 1er octobre, concernant le convoi 73 et plus précisément la présence dans ce convoi de mon cousin germain Charles Nahmias. Il est exact qu’il y a quelques années j’ai rempli un certain nombre de feuilles de témoignage, de passage à Yad Vashem. C’était pour moi un devoir de mémoire que de faire enregistrer ces noms de membres de ma famille que je n’ai pas connus, d’autant que je pense être le seul à pouvoir le faire. En fait, l’unique connaissance de leur sort est l’ouvrage de S. Klarsfeld, que je n’ai que recopié. Rien d’autre ne m’a été communiqué.

« J’avais une dizaine d’années à l’époque des rafles et j’avais eu la chance de vivre avec mes parents à la campagne depuis 1937. Ceci explique que je n’ai aucun souvenir de mes cousins, et même de mes tantes, que je n’avais pas revues après mes cinq ou six ans.

« Le Mémorial de S. Klarsfeld indique que toute la famille Nahmias a été déportée : le père, Jacques Nahmias, convoi n° 32 ; la mère, Flore, et son autre fils, Albert, convoi n° 33. Je possède quelques photos que mes parents m’ont laissées, la plus « récente » date de 1932 et présente donc deux frères très jeunes.

« Je m’interroge sur les dates de déportation des uns et des autres : Jacques, puis Flore et Albert en septembre 1942, et Charles en mai 1944. Est-ce que Charles avait échappé aux premières rafles ? Par ailleurs, je trouve une autre Flore Nahmias, née aussi à Salonique, également en 1901, dans le convoi n° 76 du 30 juin 1944. Est-ce une homonymie, ce que je pense, sans en être sûr ? Il semble en effet plus probable que la mère et son jeune fils de douze ans aient été arrêtés ensemble, en même temps ?

« Comme vous le voyez, soixante ans après, que d’interrogations, sans beaucoup de chances de voir plus clair…

Bien amicalement. »

Léon Alfandari

 

11 décembre 1932 – Charles Nahmias et son jeune frère Albert,
né le 8 juillet 1930, déporté le 16 septembre 1942

 

Charles Nahmias était parmi les déportés qui ont gravé leur nom sur le mur de la cellule du Fort IX à Kaunas, ainsi qu’Alex Faitelson le rapporte dans son ouvrage Courage dans la tourmente en Lituanie – 1941-1944. mais cette inscription a aujourd’hui disparu. (NDLR)

Lettre adressée à Eve Line Blum. (NDLR)