Raymond Israël

né le 17 juin 1902 à Paris

 

La compagne de Raymond Israël, Marlène, habitait dans le haut de la rue de Crimée, à Paris, pas très loin de chez ma mère. Ma mère lui transmettait des nouvelles d’internés qu’un gendarme du camp de Drancy lui faisait parvenir.

Par Marlène, ma mère apprit ceci : Raymond Israël avait un père et un nom juif, mais il ignorait tout du judaïsme. La guerre ne lui avait pas créé beaucoup plus de difficultés qu’à d’autres. C’est pourquoi, début avril 1944, il se rendit à Tulle, sans méfiance, à l’enterrement de son père. Il ignorait qu’à Tulle et dans la région, « la bande Bonny et Lafont », la Gestapo française, se livrait à toutes sortes d’exactions.

À l’arrivée du train, les gestapistes français contrôlèrent les papiers de Raymond :

- Israël, c’est juif, ça ! Suis-nous !

Le pauvre Raymond fut immédiatement emmené, regroupé avec d’autres et transféré à Drancy, où il fit partie des déportés du convoi 73.

Je ne sais rien de plus que ce que Marlène, sa compagne, confia à ma mère. Elle faisait rire aux larmes le bambin que j’étais. Un dimanche, ma mère vint la voir et la trouva morte chez elle. Peut-être n’avait-elle pas supporté le voyage sans retour de l’être aimé ?


Alain Fillion

 


La bande Bonny et Lafont : on trouve aujourd’hui très peu de documentation sur ces deux tortionnaires, auxliaires zélés de la Gestapo française, installée rue Lauriston, à Paris, dont Henry Chamberlin dit Lafont, était le chef.
Pierre Bonny était un ancien inspecteur de police (depuis 1918) affecté à la Sûreté Générale. On le retrouve dans différentes grandes affaires : l’Affaire Stavisky, l’Affaire Prince, l’affaire Seznec.En 1934, il est chassé de la police pour trafic d'influence et détournement de fonds. Durant l’occupation allemande, il est le triste acolyte de Lafont et de sa bande.
Cachés à la campagne à la fin de la guerre, ils sont dénoncés à la Libération, arrêtés, condamnés à mort en décembre 1944 et fusillés à Montrouge le 27 décembre 1944. (NDLR)