’Haïm Blum

né le 30 mars 1898

 

Mon père, ’Haïm Usher Blum, a été arrêté le 28 mars 1944. Il roulait à bicyclette, parti pour nous trouver du ravitaillement.

Des amis, qui avaient assisté à son arrestation, par leur fenêtre, nous ont raconté que mon frère Bernard (l’aîné) est passé à côté du camion, sans savoir que mon père était à l’intérieur, et mon père avait évité de lui faire un signe.

Des années durant, je n’étais pas prête à accepter le fait que je ne reverrais plus mon père, et je vivais dans l’espoir qu’il était en vie et qu’il reviendrait. Peut-être de Russie… Je n’ai eu la force d’accepter sa mort que lorsque je me suis mariée, en 1955.

Mon père a été formé par la croyance et la pratique de notre religion, ainsi que par l’exemple de nos ancêtres. C’était un homme travailleur et droit également dans le commerce, homme de famille, homme d’honneur.

Je ne me souviens pas l’avoir entendu élever la voix. S’il était exigeant, il l’était d’abord pour lui-même.

Après le mariage de mes parents, en 1927, à Anvers (Belgique), mon père ’Haïm et ma mère Sophie Zissele née Krieger, sont venus s’installer à Strasbourg (France) et très vite, par son courage et son travail, mon père a réussi à ouvrir un magasin d’antiquités et nous a donné un niveau de vie élevé.

Mon père respectait strictement la religion et je le revois, concentré dans sa prière, enveloppé dans son tallit.

Bien que j’aie perdu mon père lorsque j’avais presque treize ans, il a été durant toute ma vie un exemple de comportement.

La religion était très importante pour lui : dans une carte qu’il nous a envoyée de Drancy, il précisait qu’il n’y avait pas de nourriture cachère.

Ma mère, Zissele, est décédée en 1955, à l’âge de cinquante-sept ans. Elle a été inhumée à Strasbourg, onze ans après avoir perdu son mari.

Haïm Blum et Sophie Zissele Kriger - Anvers (1927)

 

Mon frère Bernard, malheureusement, a été tué dans un accident de voiture en 1960, à l’âge de trente et un ans. Il est inhumé à Strasbourg. Il a laissé une fille, Sylvie, née en 1958, qui vit en France. Elle est mariée à Jo Rabbi. Ils ont trois enfants : Stéphane (1986), Michaël (1988) et Eléonora (1991).

Mon frère Kalman, né en 1930, a deux enfants : Tali (1962), et Sharon (1963). Tali est mariée à Gadi Haquer. Ils ont trois enfants : Yuval (né en 1991), Rona (née en 1994), Noga (née en 1999). Sharon est marié à Ronit. Ils ont deux enfants : Yaniv (né en 1994) et Alon (né en 1999).

Ma soeur Gisèle, née en 1935, a trois enfants : ’Haïm (qui porte le nom de notre père), né en 1960, marié à Iris, a deux filles : Noa (1997) et Tal (1998) ; Dalit (1964) mariée à Itskik Vahava, a trois enfants : Cha’haf (née en 1990), Chaked (né en 1993) et Talia (née en 1999) ; Tswika (né en 1972) est encore célibataire.

Quant à moi, Rivka, née en 1931 et veuve de Rony Sheskin (1930-1997), j’ai trois enfants :

Vered (née en 1958) est mariée à Yifta’h Ron-Tal, et elle a six enfants :

Omri (né en 1978) ; Ido (né en 1980) ; Osnat (née en 1983) ; Elimele’h (né en 1985) ; Néhemia (né en 1988) ; Tsvi-’Haïm (né en 1995). Ma fille Vered a perdu un bébé âgé de cinq mois, Yechayaou, en 1987. Tsvi-’Haïm porte aussi le nom de son arrière grand-père.

Ornah (née en 1961) a deux enfants : Abraham Yts’hak (né en 1983) et ’Haya-Zissele (comme notre mère), née en 1985.

Eyal (né en 1963), marié à Dalit, a quatre enfants : Ouriel (né en 1992), Chira (née en 1993), Tal-Yehuda (né en 1996) et Rony Aharon (né en 1999).

Mes parents laissent donc après eux 9 petits-enfants et, à ce jour, 25 arrière-petits-enfants !

Rivka Sheskin (née Blum)
sa fille


Châle rectangulaire à franges que l'on porte pendnt certaines prières, conformément au commandement des "franges" (La Bible, Nb 15 ; 38) (N.D.L.R.)

 

Mon père avait 47 ans lorsqu’il a été arrêté par les Allemands et envoyé à Drancy.

Nous étions quatre enfants restés sans père. Nous avons reçu une seule lettre, dans laquelle il se souciait de sa famille et se plaignait de ce qu’il n’y avait pas de nourriture cachère.

J’ai le souvenir profond d’un livre pour apprendre l’hébreu, qu’il nous avait apporté un jour. Ma sœur et moi étudiions ce livre tous les samedis, et quand il était content de notre travail, il nous donnait des biscuits et du chocolat qu’il conservait dans une armoire métallique fermée à clef.

Mon père circulait à bicyclette et parcourait les villages voisins pour rapporter de quoi nourrir sa famille. C’est ainsi qu’il a été arrêté. Après son arrestation, on nous a rapporté sa bicyclette…

Gisèle Nir (née Blum)
sa fille

 

Haïm et Sophie Blum

 

Sophie Zissele et ses enfants
Bernard (assis, à gauche), Kalman (à droite), et la petite Rivka (debout).

 

Attestation de déportation