Sophie Caplan

Née de parents polonais qui habitaient en Belgique en 1940, survivante de l’Occupation en France, ayant perdu plus d’une centaine de membres de sa famille pendant la Shoah, Sophie Caplan a toujours pensé qu’il incombait à ceux qui ont survécu d’apprendre à leurs enfants ce qui s’est passé pendant l’ère nazie. Sa mère et elle ont cependant pu échapper à la déportation et sont parties en 1947 pour l’Australie, où elles avaient de la famille.

Sophie Caplan a organisé le concours Hans Kimmel en 1976 lorsqu’elle s’est aperçue que son fils aîné, élève de quatrième au Moriah College de Sydney, n’apprendrait jamais rien sur l’histoire des Juifs du XXe siècle : l’histoire qu’on enseignait alors s’arrêtait avec la chute du Deuxième Temple en l’an 70. Désormais, ce concours est obligatoire en fin de classe de 3e au Moriah College, où un professeur enseigne aux élèves l’histoire juive contemporaine.

Elle a donné à ce concours d’histoire juive contemporaine le nom du Dr Hans Kimmel, né le 26 février 1889 à Monastriska, en Bukovine (actuellement en Ukraine), réfugié autrichien en 1938, ancien avocat devenu journaliste qui, juste après la guerre, avec des moyens limités, a écrit et publié sur l’histoire juive australienne contem-poraine et dont le nom risquait d’être oublié.

Le concours offre un choix de cinq sujets concernant l’histoire juive contemporaine, entre autres pendant la Seconde Guerre mondiale. Les parents aident leurs enfants dans la recherche des documents familiaux qui leur sont nécessaires, espérant voir leur enfant gagner l’un des prix désormais très recherchés.

C’est ainsi que Dina Gridiger a choisi comme sujet :

« Un membre de votre famille ou un ami(e) de votre famille a survécu en Europe occupée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Décrivez les circonstances de leur vie avant la guerre, ce qu’ils ont vécu et ce qui leur est arrivé après la guerre. »

Il est intéressant de savoir qu’à Sydney, ville située à vingt mille kilomètres de la France et qui n’a pas connu la Shoah, une jeune Australienne a fait un travail de mémoire concernant la déportation des Juifs de France, et plus particulièrement celle d’un déporté du convoi 73. Avec son texte (dont la traduction en français est due à Eve Line Blum) Dina Gridiger a obtenu le second prix au concours Hans Kimmel de l’année 2000.

 

Ce commentaire a été écrit à partir d’un article publié dans le Bulletin du Cercle de Généalogie Juive (Paris, n° 22 - 2e trimestre 1990)